Le mois de ramadan est un mois de rituel durant lequel les musulmans ne prennent ni nourriture ni boisson du lever au coucher du soleil. C’est un mois béni où pardon, partage, générosité et solidarité sont à l’ordre du jour. En un mot, c’est un mois de bienfaisances. Pour les entrepreneurs ce mois constitue un moment de découverte d’autres dimensions de l’entreprenariat.
Le ramadan est une période de repentance et de retour à Dieu. Beaucoup en profitent pour assurer leur devoir de croyant. Si pour certains ce moment constitue un temps de suspension de leurs activités, pour d’autres c’est une occasion d’explorer un autre aspect de l’entreprenariat plus humain: l’entreprenariat social. Il n’y a pas plus propice moment que le ramadan pour la mise en œuvre de la dimension humaine ou du côté social de l’entrepreneuriat. A Dakar, Thiara LOUM entrepreneur dans les cosmétiques naturels constitue une des icones de l’entreprenariat social. Chaque mois de ramadan elle enlève sa tenue de businessman pour revêtir son habit de charité. C’est en 2019 qu’elle a commencé en distribuant des serviettes hygiéniques aux femmes de la prison de Liberté VI, et des habits aux détenus de la prison de «Rebeuss». Aujourd’hui, elle en est à sa troisième activité, «dans la vie, il ne s’agit pas seulement d’être entrepreneur et de se faire de l’argent. Le social également est un point très important. Au final tout est humain comme j’aime bien le dire» partage la jeune femme. Grâce à son réseau d’entrepreneurs, ses connaissances, ses amis et sa famille elle a réussi à collecter 450 0000 francs destinés à la maison d’arrêt de liberté VI, «on a eu à faire un don de plus de 30 poulets, des pommes de terre, des pâtes, des oignons, de la boisson, de l’eau entre autres.

Il faut dire que la vie ne se résume pas seulement à gagner de l’argent. Il est bon de se rappeler son prochain aussi. Tout tourne autour du concept « def te yalla tax ». J’aime bien le rappeler, quand on a des problèmes, quand on a des soucis on se tourne vers Dieu. Il est opportun de se souvenir que ce n’est pas lui qui descend sur terre pour nous donner, c’est par la main de l’Homme qu’il fait passer ses actions. Pourquoi ne pas donc être cette personne par qui cette bonne action va passer? »
A l’autre côté de la ville, nous retrouvons Mouhamadou Moustapha THIAM, financier de formation, encadreur en gestion des ressources humaines et actuellement administrateur du réseau appelé Phœnix club, à la fois un club et un cabinet de consultance.

Le mois de ramadan est éprouvant et difficile pour son cabinet, il est obligé de réaménager son calendrier et de changer ses horaires selon la disponibilité des clients qui se font rares pendant cette période, « pour nous le principal obstacle c’est quand nous devons faire des activités de formations. C’est de plus en plus compliqué d’organiser des sessions.
Les gens adoptent un tout nouveau planning de travail durant ce mois et on doit s’y faire. Les jours de semaines par exemple, on ne peut plus organiser des séances formations, certains vous diront qu’ils doivent aller étudier, d’autres s’affairent à leurs propres activités et d’autres encore vous diront tout bonnement qu’ils doivent dormir à cause de la faim. Cela relèverait d’un vrai miracle que de les amener à subir des formations ou à participer à des ateliers de 6 heures. Il faut donc des réaménagements pour au moins satisfaire la majorité », nous explique Mouhamadou Moustapha THIAM.
Outre ces deux types d’entrepreneurs, il y en a pour qui le mois de ramadan est loin d’être contraignant. Pour Sokhna Rokhaya SY, 23 ans, formée en agroalimentaire, fondatrice de La Salivaire, évoluant dans la transformation des céréales ce mois de jeun est une bénédiction, « avant le ramadan mes activités marchaient à merveille. J’avais des commandes dans les différentes régions du pays. Je m’en sortais vraiment bien et je faisais tout mon mieux pour satisfaire mes clients. Pendant le ramadan, je proposais des jus naturels aussi. Avec le
ramadan j’ai vu mes commandes augmenter. C’est vrai qu’avant je vendais bien mais aujourd’hui encore plus. J’en ai profité pour ajouter d’autres variétés de céréales comme le couscous, les brisures de mil, de maïs etc et c’est très rentable».


Quand le ramadan vient, il arrive avec son lot de surprises. Certains ouvriront la boîte du profit pendant que d’autres essayeront de tenir le coup en attendant que ce long mois s’achève. Les entrepreneurs les plus futés en profitent pour repenser leurs activés et trouver un autre moyen de gagner en visibilité. Il faut croire qu’ils ont compris qu’il n’y a pas de repos en entreprenariat. Quoi qu’il en soit le mois du ramadan est un mois un peu particulier mais béni alors chers entrepreneurs du ramadan que vos business soient bénis.