Au large de la presqu’île du Cap-Vert, à quatre cent mètres du village de Ngor, sur la pointe des almadies, tout près de Dakar, se trouve l’ile de ngor. Au cœur de cette ile, on voit la nature qui s’y déploie sur des toiles grâce à la magie de quelques coups de pinceaux et des boites de peintures. Celle-ci est le prolongement de l’esprit d’un rêveur, d’un artiste, d’un berger : le berger de l’ile de ngor.
Abdoulaye Diallo de son pseudo d’artiste le berger de L’île de Ngor est un artiste peintre. C’est un ami professeur en art, feu Maître Saliou Diongue qui l’avait baptisé le berger de l’ile de Ngor pour deux raisons: il avait assisté à sa première exposition et lors de cette exposition l’animal était fortement représenté. En dehors de la présence de l’animal plus particulièrement le bœuf, il est un né Diallo et donc, un peulh. Et il se trouve aussi qu’à cette époque, il était le président de l’association des amis de l’ile de Ngor. Une association qui avait pour ambition d’effacer les marques négatives de l’ile.
« Man ma don samm île bi »,
dit-il, or le terme « samm » renvoie à berger, on l’a alors surnommé le berger de l’ile de Ngor.
Appellation qu’il a acceptée. Pour lui personne ne peut dire les raison pour lesquelles, il se fixe à un point dans cette immense cité qu’est la planète. On naît quelque part, on grandi ailleurs, on joue son rôle ailleurs et on se fixe pour des raisons qui souvent échappent aux mots à un point bien particulier. Et, pour répondre objectivement, il incite à faire une relecture des pensées de pascal, et on comprendrait mieux que ce qui peut attacher quelqu’un à un lieu est souvent la résultante de relation qui échappe aux mots, « On ne sait pas le dire ».
Sa définition de l’art rentre dans le cadre d’une relativité. Ce berger aux lunettes et à la barbe blanche, voit, pense et avance que chacun a sa propre conception ou définition de l’art. Parce qu’en fait il n’y a pas d’art. Il y a plusieurs arts. « Tout ce que l’homme fait et qui interpelle, peut rentrer dans ce grand récipient que l’on appelle culture dans lequel, récipient ou réservoir, il y a une immensité de petites choses qu’on appelle art ceci ou art cela, chanson, poésie, etc. Et dès l’instant qu’on fait quelque chose qui interpelle, on part du principe qu’on est dans l’art, en tout cas dans ce que je fais-moi.
Mon ambition est toujours d’interpeller, enseigner ou renseigner. J’aurais pu le faire en prenant la craie mais j’ai préféré utiliser un medium qu’on appelle la toile. Je ne serai un homme heureux que le jour où je verrais des artistes du Sénégal plus riches que certains milliardaires d’autres domaines. Je serai réellement très fortement flatté et c’est possible. On ne croyait pas au football jusqu’à une certaine époque. On nous tapait pour nous interdire d’aller jouer au football. Aujourd’hui, vous avez un enfant qui vient au monde et la première des choses que les parents vont faire c’est de vérifier ses mollets et ses cuisses pour savoir s’ils peuvent en faire un Sadio Mané demain. Il faudra qu’un jour cela arrive pour l’art et vous verrez que les gens se comprendraient mieux et respecteraient un tout petit peu mieux ce métier d’artiste ».
Dans le cadre de la biennale de Dakar, le berger témoigne de la beauté quelle nous a offert en raison du contexte de son arrivée rendant beau Dakar la capital du beau, « La biennale elle est belle. Elle est belle cette biennale pour deux raisons. Nous sortons d’une situation gazée de chaos dans une zone de surturbulences et tous nous avons été pendant un moment envahi par cette bête invisible qui agitait nos angoisses: la Covid-19. Trois années d’angoisse de peur et puis subitement la volonté de remettre la biennale en place en invitant le reste du monde à Dakar. Ce reste du monde nous répond positivement et vient nous rejoindre. La population se l’approprie. Les dix « créateurs » corps et âme ont tout fait pour offrir du plaisir, du beau aux autres. Dakar est devenu aujourd’hui la capitale du beau ».
Sagesse, imagination, et création, un triptyque qui définit ce berger. Il a fait de l’humain son troupeau pour l’abreuver de connaissance, le former et le renseigner à travers la toile et la peinture.